« Mankel n’est pas venu ? »
S’enquit le jeune daeva, un air un peu déçu. Il tourna la tête vers un loup au pelage d’ébène.
« Kage, veux tu bien aller chercher Mankel ? »
Dit-il dans un mélange de jappements et d’aboiements. Le loup noir opina de la tête et s’encouru dans la forêt en direction du village.
Reportant son attention sur ses invitées, il sourit à la jeune fille aux nattes roses.
« Tu peux te servir dans le petit panier Saya, il y a plein de pâtisseries bien sucrées comme tu aimes. »
Il passa alors un temps à présenter chacun des loups à aux daeva. Bien sur ils les connaissaient déjà mais pour elles qu’est ce qui ressemblait plus à un loup qu’un autre loup et les distinguer n’était pas chose aisée, même Saraban avait mis un temps à s’y faire et parfois l’hésitation lui venait encore à l’esprit.
Tout au long des présentations, la jeune aede Synae n’avait pu s’empêcher de remarquer que l’estafilade du jeune Kiba laissait encore un mince filet de sang s’écouler sporadiquement. Un bandage sorti de son sac elle s’était avancée pour se proposer de panser la blessure mais d’un geste vif et laissant un petit grognement s’échapper de sa bouche Saraban s’était interposée, se saisissant du linge. Elle ne su trop pourquoi elle avait agi de la sorte mais instinctivement la Louve avait réagi, il s’agissait de son loup. Peut-être l’idée qu’une autre femme le touche ne lui plaisait guère ? Elle s’affaira de panser la plaie non sans avoir donné un de ses bisous guérisseurs, ce qui fit sourire l’enfant loup.
Durant ce temps le loup à la fourrure de nuit avait fini par trouver Mankel, occupé à travailler sur sa maison. Il lui avait fallu tirer avec insistance sur les vêtements du Daeva pour que celui-ci comprenne que le loup voulait qu’il le suive. Tous deux arrivèrent au bord de l’étang alors que le groupe s’était à nouveau installé, assis dans l’herbe à discuter. Le gladiateur s’assit en silence parmi eux après les avoir salué de la tête, ne voulant pas interrompre la discussion.
La main gauche de Kiba glissait dans l’épaisse crinière du grand loup blanc qui s’était allongé à ses côté, juste un peu en retrait.
« Comme vous le savez, je vous ai invités à ce que nous appelons la cérémonie du lien qui marquera la naissance de l’union entre deux des miens. Mon frère Akamaru et la jeune Shiroshi. »
Son regard se porta sur la louve aux pattes immaculées. Celle-ci se sentant la proie de toutes les attentions esquissa une sorte de sourire canin avant d’enfouir son museau sous ses pattes avant.
« Vous devez surement vous demander ce qu’est cette cérémonie. Et bien pour faire simple, il s’agit d’une ancienne tradition de mon peuple. Une période pendant laquelle un couple se forme et se met à l’épreuve. Durant une lune le jeune couple va vivre à l’écart de la meute, subsistant de sa seule chasse. Afin d’éprouver leur faculté à vivre l’un avec l’autre, l’un prés de l’autre, une corde les reliera l’un à l’autre. Faisant en sorte qu’ils soient toujours proches, où qu’ils aillent quoi qu’ils fassent. »
Kiba marqua une pause, laissant à ses amis le temps d’assimiler ce qu’il venait de dire. Puis il reprit.
« Reliés l’un à l’autre par cette corde qui symbolise leur amour, ils apprennent à agir de concert, non plus comme deux partenaires indépendants mais comme un couple fort et unis dans tous les actes de la vie. S’ils éprouveront des moments de joie, des instants agréables, ils auront aussi des moments de querelles, d’incompréhension qu’ils devront apprendre à résoudre ensemble. Car pour les miens…. »
Sa main droite glissa vers Saraban, se saisissant de la sienne, glissant ses doigts entre les siens avant de se refermer dans une prise à la fois douce et ferme.
« Pour les miens… L’amour n’est pas quelque chose de volage, quelque sentiment, quelque affection que l’ont peut éprouver un temps pour l’autre avant de porter son attention vers un nouvel individu, délaissant, oubliant celui qui un temps amusa votre cœur… Pour les miens l’amour une fois donné ne se reprend pas. Lorsqu’un couple se forme il le reste pour la vie et au-delà se perpétue en Rakuen. »
Il attira la main de Saraban à son visage avant d’y déposer un baiser sur la paume et de la reposer sur sa cuisse.
« Cette cérémonie est aussi un temps où quiconque désirant s’opposer à cet union peut intervenir et avancer auprès de l’assemblée ses arguments, faire valoir ses prétentions. Passé ce moment plus aucun n’est autorisé à remettre en cause le choix du couple. »
Il les regarda alors dans les yeux, l’un après l’autre, on pouvait y voir sa conviction.
« Voilà ce qu’est la cérémonie du lien. »
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