Une bien étrange livraison.

[Inuzuka Kiba]

Kiba sorti à la suite de sa louve, ne prêtant aucune attention à ce mystérieux livre ni à la pauvre Crépuscule. Il rattrapa la jeune femme dans la salle commune et s'assit derrière elle, se contentant en silence de passer un bras autour de sa taille et de museler son visage dans sa crinière au niveau de la nuque, donnant de petit coups de langue sur la peau. Dans un tel acte il se contentait de lui exprimer son affection, son soutien et son amour. Parler n'aurait servi à rien, ses gestes en disaient bien plus.

Les deux loups qui l'accompagnaient, étaient redescendus avec lui, il s'étaient allongés dans un coin de la salle et Fréson leur avait apporté un grand bol de lait chaud sur lequel ils s'étaient rués après que leur alpha, d'un regard, leur en ait donné l'autorisation.

[Synae]

Synae, restée seule avec la blessée, se remettait péniblement de la scène à laquelle elle venait d'assister. Le réflexe de Kiba, rapide, avait été salvateur. Mais une ambiance angoissée pesait toujours sur la petite chambre.

C'était bel et bien Crepuscule qui leur était revenue. Celle dont l'aède avait toujours douté. Et qui l'effrayait un peu. Son absence prolongée avait atténué ces impressions, son état physique à son retour les avait occultées... Elles n'en étaient maintenant que plus vives.

Mais rien n'aurait pu la faire renoncer à son devoir. Elle se prépara alors à une longue veille de la jeune fille. En invoquant son mantra de protection.

De vives lueurs colorées dansèrent autour d'elle quelques secondes, reflétant sur le visage de la sorcière des ombres flamboyantes. Puis la pièce retrouva un calme profond, à l'image de l'expression paisible de Crepuscule qui serrait dans ses bras l'ouvrage redoutable, mais contrastant avec le rythme des battements du coeur de Synae.

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Edit : je le répète ici, absente jusqu'au 2 janvier IG mais pas sur forum :] mon fidèle netbook me suit partout ^^ malheureusement y'a pas de place pour une ati radeon 3870 dans un ordi de 10" xD

[Mankel]

Installé depuis quelques temps dans un coin de l'auberge, Mankel avait d'abord observé d'un air distrait les allées et venues, jusqu'a ce que le nombre de passages lui suggéra qu'il se passait là haut quelquechose de grave. Il ne s'en méla pourtant pas, ce n'était pas dans son habitude de s'imiscer dans les affaires des autres, si personne ne l'avait appellé c'est que cela ne le concernait pas.

Pourtant lorsqu'il vit Kiba et Saraban redescendre, celle ci visiblement mal en point, il s'était levé d'un bond craignant que quelque chose de terrible ne fut arrivé.

Il s'approcha quelque peu du couple, Kiba entourant sa compagne, il distinguait a peine celle ci. Celui ci focalisait sur son aimée ne remarqua même pas Mankel a trois pas de lui, ou alors ne daigna pas lui faire un quelconque signe. Elle ne semblait pas blessée, il jeta un coup d'oeil aux loups qui eux s'étaient arreté de boire a son approche. L'attitude des canidés le rassura quelque peu, il était fort a parié qu'en cas de réelle attaque envers l'aimée de Kiba ceux ci ne se contenteraient pas de s'installer pour déguster du lait. Néanmoins il décida d'allait voir par lui même ce qui se tramait en haut.
Il grimpa les marches de l'escalier quatre a quatre, laissant sa guisarme en bas qui ne lui servirait pas a grand chose dans un escalier ou un couloir étroit, sa seule arme serait son armure ce qui lui suffirait amplement dans une melée.

La porte de la chambre étant encore ouverte, il déboula dans la chambre. Il se figea lorsqu'il vit Synae calme auprés de la malade, néanmoins le regard méfiant qu'il jetta autour de lui était éloquent concernant son entrée quelque peu fracassante. La pièce était vide mis a part Synae et une gamine assoupie qu'il ne connaissait pas.

[Saraban]

Saraban émit quelques grognements sourds de douleur et de gêne, des centaines d'étoiles voltigeaient toujours devant ses pupilles et elle avait encore quelques vertiges. Elle se frottait sans cesse les paupières essayant, en vain, de chasser la sensation désagréable qui perçait derrière ses yeux.
Après quelques minutes de ce traitement inutile elle releva un peu la tête, distinguant mieux les choses autour d'elle. Kiba se tenait toujours dans son dos et elle passa une main au-dessus de son épaule et lui effleura le visage, lui signifiant qu'elle allait bien.
Du regard la Louve chercha Varken, elle le scruta quelques secondes avant de poursuivre.

Qu'est-ce que vous a dit Urd sur le livre ?

[Varken]

Varken se redressa difficilement dans son siège pour rassembler ses esprits et tenter de ne rien oublier. Teïda vint discrètement servir une tisane revigorante dont Synae lui avait déjà soufflé la recette il y a longtemps. La bouilloire fumait et il y avait assez de tasses pour toutle monde, y compris ceux qui se trouvaient en haut, au besoin. Varken la remercia et prit la tasse fumante qu'elle lui servait. Bien que brûlant, le liquide l'emplit de bien être et de chaleur, effet qui le réveilla quelque peu. Après une grande respiration, il prit la parole et révéla tout ce qu'il savait.

"Urd... c'est une vieille folle de Sorcière, une tarée de la couture et des cartes de divination. C'est ce que je me suis souvent dit. Mais en fait, c'est bien plus que ça... je sais pas si vous le savez, mais elle bosse avec cet enfoiré de Munin, mais bon, elle je lui en veut pas. Elle adore tout ce qui a un lien avec le passé, l'histoire, les légendes et tout ce bordel et le livre l'a beaucoup intéressée. Pendant le temps où j'étais au village d'Aldelle, on a essayé pas mal d'expériences pour trouver ce que c'était, mais on y est jamais vraiment arrivés. En général, si on prenait le livre, j'étais obligé de ceinturer la petite pour pas qu'elle essaye de nous étriper. En plus elle a une voix bizarre à chaque fois.

Bon, bref, Munin y a jeté un œil et elle a dit que ce truc était un artefact de mémoire, une sorte de bouquin d'histoire mais fait pour durer et qui doit raconter des trucs vachement importants. On peut pas genre en déchirer des pages ou le gribouiller, toutes les dégradations qu'on y fait s'effacent. En plus, ce qui est flippant, c'est que si tu prend le bouquin à la petite, il revient toujours dans ses mains quand tu fais plus gaffe. Un jour, Urd m'a demandé de le balancer en plein village Mumu, histoire de voir si la distance affaiblit ce lien, mais peau de brax... quand j'suis revenu elle avait déjà le livre en mains. En fait, c'est pour ça qu'elle dit qu'un spiritualiste pourra peut être comprendre ce lien : c'est comme leurs bêtes qu'ils invoquent. Quand il est trop loin ou trop abîmé, il disparaît dans l'Ether et il revient vers son maître. Ce truc est fait que d'Ether concentré et la petite le rappelle sans doute inconsciemment, sans le vouloir. Voire même selon Urd, elle en recrée un nouveau à chaque fois, ce qui est pas impossible, vu que rien des marques que tu fais dedans n'y reste.

Pour ce qui est de ce qu'elle a pu voir dedans, à priori, juste le fait de le lire, même sans le comprendre, te fait déjà voir des images de ce qu'y a dedans mais impossible de vraiment comprendre de quoi ça parle. Les runes sont inconnues de Urd, les paysages et les créatures qu'on y voit aussi. Elle m'a dit de pas en parler au bibliothécaire de Pandé parcequ'il voudrait sûrement le récupérer, même si ça tue la petite. Linevin, elle dit qu'y a un lien d'âme entre eux, un peu comme si la petite était l'Obélisque du bouquin, mais ce truc puise lui même assez dans l'Ether ambiant pour pas devoir pomper sur elle. Le livre lui est lié, mais il la parasite pas. Sinon on aurait cherché un moyen de le détruire.

Voilà tout ce que je sais, je sais pas si ça va vous aider.

Là, je vous ai dit ce que je sais, c'est normal que je commence, je suis chez vous. Mais maintenant, à moi. Vous êtes qui ? Vous faites quoi sur cette île loin de tout ? Vous êtes des terroristes ou des révolutionnaires, un truc de ce genre ? C'est pas que ça me dérange vu la concentration de connards au centimètre carré à Pandé, mais j'aimerais quand même savoir. Et puis aussi : vous dites que la petite se nomme Crepuscule, alors que de ce que j'en ai compris quand elle était la plus violente quand on lui prenait le livre pour l'étudier, elle m'a dit qu'elle s'appelait Nuit Noire... ça veut dire quoi ? Même sa voix quand elle divaguait et quand elle s'énervait, c'était pas la même.

J'veux pas être grossier, mais ça fait un bail que je me trimballe la petite et tous ses mystères et j'aimerais bien savoir ce que je vous ai ramené au juste et à qui."

[Synae]

A peine Mankel était-il entré que Synae bondit de sa chaise. Elle ne prit même pas la peine de le saluer.

SURTOUT ne touche pas au livre !!

C'est seulement alors qu'elle se rendit compte qu'il n'avait aucune intention de le faire, qu'il aurait été complètement absurde que son premier geste soit de s'emparer de l'ouvrage. En fait, elle était juste sur les nerfs. La jeune femme soupira face à l'air sûrement un peu surpris de Mankel.

Oui... C'est ce bouquin qui a mis la Louve mal en point... Tu l'as peut-être vue, elle doit encore être en bas...

Elle s'approcha du gladiateur, tournant le dos à la chambre et à Crepuscule.

Je comptais pas bouger d'ici mais je crois que j'ai vraiment besoin de boire un truc chaud... Elle se pencha un peu vers lui pour lui murmurer : Parce qu'elle me fait froid dans le dos, cette gamine.

L'aède passa sur la droite de Mankel pour sortir de la chambre.

Ah oui, et aussi... Bonjour, Mankel. Elle lui sourit vaguement, un peu fatiguée par les longs soins qu'elle venait de procurer à la sorcière avec l'aide de Saraban. Viens, on descend, y'a plus rien à faire ici. Je reviendrai tout à l'heure. Oh et la petite bien amochée là derrière, qui s'aggrippe à son livre comme un bébé Urside à sa mère, c'est Crepuscule. Elle était partie... Avant ton arrivée. Après ces quelques éclaircissements, elle descendit l'escalier, plaça sa capuche de façon à ombrer son visage d'un geste vif des deux mains, et rejoignit Saraban, Kiba et Varken, acceptant avec grand plaisir la tisane de Téïda. Elle n'aurait pas fait mieux elle-même.

L'aède écouta d'abord d'une oreille distraite le récit de Varken, s'apprêtant même à remonter dans la chambre pour surveiller Crepuscule, mais bientôt les révélations de l'étranger l'intriguèrent suffisamment pour la convaincre de rester.

Vous êtes qui ? Vous faites quoi sur cette île loin de tout ? Vous êtes des terroristes ou des révolutionnaires, un truc de ce genre ? C'est pas que ça me dérange vu la concentration de connards au centimètre carré à Pandé, mais j'aimerais quand même savoir.

Synae jeta un coup d'oeil anxieux à Saraban. Terroristes, révolutionnaires, ces qualificatifs n'allaient sûrement pas l'enchanter.

La réponse est dans la question... Les troupeaux d'abrutis nourris à la propagande officielle qui constituent la majeure partie de la population de Pandémonium sont une raison suffisante pour s'exiler sur une île comme celle-ci, non ? On ne veut de mal à personne, tant qu'on ne vient pas nous chercher des problèmes.

Même si parfois la tentation de faire bouger les mentalités était bien présente, chez elle en tout cas. Mais elle se garda bien de le préciser à un inconnu.

J'ai déjà vu des livres qui fonctionnaient sur un principe semblable. Mais jamais de manière si extrême. Au final, peut-être qu'on ferait mieux d'attendre que Crepuscule reprenne suffisamment conscience pour nous en parler elle-même...

[Varken]

"Hum... je vois..."

Souvent les mots étaient mal utilisés dans la bouche de Varken, mais rarement étaient ils faux. Pourtant, cette fois ci, c'était le cas. Quelle avait été cette réaction de crainte quand il avait parlé de choses destinées à les faire réagir... A quoi aurait il préféré s'attendre ? De la surprise, des rires, voire même de la colère. Non, une tension et une vague explication décidément peu convaincante. Si vous croisez un Léphariste seul sur une piste dans la forêt et que vous lui demandez ce qu'il veut, il vous répondra assurément qu'il veut qu'on lui foute la paix. Or, d'après les indiscrétions qu'il avait pu glaner chez les Pillards d'Ulgorn, les laisser mener à bien leur projet concernant un truc qui s'appelait Tiamat n'était pas une bonne idée.

"Varken... ne te jette pas dans l'évidence, cherche ce qui se trouve au delà de ce que tu vois : le courant sous la surface, la racine sous la plante". Les mots de son mentor lui revinrent en mémoire. Il y avait plus ici que ce qui se montrait, il en était persuadé. Mais quoi ? La femme en capuche semblait dire qu'ils étaient des sortes d'ermites, des exilés et qui plus est neutres et inoffensifs. Toutefois, personne ici, à part peut être le personnel de l'auberge, n'avait l'air de vraiment être un pacifiste. Le garçon aux gros chiens se déplaçait trop souplement et avait le regard trop vif, la petite brune avait trop de caractère pour rester longtemps à compter les feuilles sur les arbres et l'autre, là en armure... tout à fait la tenue d'un ascète, tiens.

Tentant de garder un masque impassible en sirotant son infusion, le cerveau du guerrier tournait à plein régime. Avait il rapporté la petite dans un nid de vipères ? Devait il tenter de trouver s'ils avaient des activités dangereuses et tenter d'y mettre un terme ? Il y avait plus effrayant encore... était ce eux qui avaient mis la petite dans cet état ? S'était elle enfuie et l'avait il ramenée auprès de ses bourreaux ? Si c'était le cas, il s'en serait voulu plus que tout. Il fallait qu'il tire cette affaire au clair et, dans le cas où ses craintes seraient fondées, qu'il se sauve avec la petite, peu importe comment. Froidement, il calcula l'effectif et les forces de ses potentiels adversaires : un guerrier coriace, un pisteur avec des chiens qui ne lui laisserait pas l'occasion de se cacher, une nerveuse dont on sentait bien la puissance et une soigneuse. Il était vraiment mal barré.

C'est alors que son regard se tourna vers l'escalier et que ses yeux s'écarquillèrent...

[Crepuscule]

"Teïda ? ... j'ai faim. Et puis j'avais très envie de pipi, mais y avait pas de pot, alors j'ai fait dans le broc, mais en voulant le vider dehors, je l'ai fait tomber par la fenêtre..."

Crepuscule se tenait en bas de l'escalier, la couverture enroulée tout autour d'elle. Elle se frottait l'oeil de son poing fermé en bâillant largement. Etrangement, elle ne portait pas son livre avec elle. Ayant refermé la bouche, elle s'intéressa à ce qui se trouvait dans la salle et fut surprise d'y voir autant de monde qui la dévisageait. Elle tenta un sourire, la tête lui tournant encore beaucoup. Teïda se précipita sur elle, les larmes aux yeux de voir que son amie n'avait rien et l'approcha du groupe où Fréson apportait rapidement un confortable fauteuil pour l'installer. Marine apportait un peu du jus du ragoût : liquide pour ne pas la fatiguer à mâcher ou digérer et contenant assez d'énergie pour lui permettre de reprendre des forces.

S'installant avec lenteur, la jeune Sorcière posa tout d'abord un regard interrogateur sur Varken, semblant le reconnaitre sans vraiment l'identifier. Puis elle se tourna vers Kiba, puis Synae et enfin Saraban. Ses yeux se baissèrent et ses joues devinrent rouges de honte.

"Vous allez me gronder, c'est ça ?"

[Saraban]

Saraban se contenta d'émettre un reniflement sec, méprisant, quand Varken les affubla de ces qualificatifs. Révolutionnaires, terroristes... Finalement ça variait sensiblement peu des autres sauvages et assassins qu'on leur collait régulièrement sur le dos. Le monde devenait décidément stupide quand la populace croisait des gens un peu différents, un peu trop éloignés du moule commun.

Elle laissa Synae donner quelques vagues explications sur ce qu'ils étaient. Quelques mots pour décrire l'ampleur de leur histoire commune, de leurs passés respectifs... Et tout cela sonnait faux à ses oreilles. Qu'elle avait envie, juste maintenant, de hurler à la face de cet hurluberlu qu'ils étaient la continuité d'une idée née depuis près de mille ans. Qu'est-ce qu'il pouvait y comprendre lui ? Elle n'était même pas sûre que la plupart des Sibyllins aient compris le sens des mots qu'ils avaient acceptés en se mettant à la suivre.

La jeune femme poussa un profond soupir, se sentant étrangement lourde d'un seul coup. Ses yeux se plongèrent quelques minutes dans la tasse qu'on avait déposée devant elle. Elle ne redressa la tête qu'en entendant la voix endormie de Crépuscule.

Ainsi elle s'était réveillée.

Elle détailla la jeune fille d'un œil morne, comme si elle se contentait de la regarder sans la voir, comme si elle ne la reconnaissait pas. La douleur se diffusait toujours derrière ses yeux, mais cela s'atténuait doucement. Les souvenirs de la scène entre elle et sa sœur... Nuit Noire c'était son nom apparemment... lui revenaient en mémoire et elle n'était plus certaine de ce qu'elle devait faire.

Crépuscule se tenait toujours assise, la tête baissée, les joues rouges, attendait visiblement une sorte de réponse ou de sentence.

Contente toi de manger ce qu'on t'a apporté, pour l'instant.

Qu'aurait t-elle pu faire ou dire d'autres de toutes façons ?

[Inuzuka Kiba]

Kiba s'était tu tout au long du monologue de cet humain. Il n'avait même pas prêté attention aux qualificatifs dont il les avait affublé. Il avait juste tourné sa tête lorsqu'il avait perçut Crépuscule descendre les escaliers. Il s'était contenté de sourire à la jeune fille.

"Te gronder ? Je ne vois pas pourquoi... A moins que tu n'aies pas fini ton assiette avant la mienne !"

Sur ce il porta son regard vers le bar ou se tenait l'aubergiste.

"Freson "

Il inclina sa tête en arrière et ouvrit grand sa bouche la pointant de son index. Le tenancier ne put retenir un sourire amusé et se dirigea vers les cuisines pour n'en revenir que quelques minutes plus tard, portant un plateau lourdement chargé de victuailles.