Clotho a écrit:Prémices
"Toi !", s'exclama-t-il, au comble de la surprise.
Elle éclata d'un rire allègre. Il la serrait déjà dans ses bras, lui baisant les cheveux avec passion.
"Que je suis heureux de te revoir, je n'espérais plus, Clôtho..."Étrangement, elle n'était pas si mécontente de le revoir. Peut-être était-ce parce qu'il allait lui être utile... Elle s'écarta légèrement de lui et caressa ses joues du bout des doigts, avec une vive tendresse. Puis ils s'embrassèrent. Il l'entraîna jusqu'à sa couche, tirant les rideaux du baldaquin.
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Les rideaux tombent.
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"Turucano, tu te doutes bien que je ne suis pas ici par hasard...", dit-elle, visiblement préoccupée,
"Je suis ici pour une affaire grave et dangereuse, je viens t'implorer de m'aider."Il hocha la tête, il s'en doutait : il la connaissait. Il l'invita à poursuivre d'un sourire complice.
"Père Varius, ça te dit quelque chose ? Il dirige l'orphelinat de cette ville...", il acquiesça,
"Cet homme risque de commettre l'irréparable s'il entre en possession d'une certaine relique. Lorsque je dis l'irréparable, j'envisage un drame comparable au cataclysme."La terreur marqua le visage de son amant.
"En es-tu sûre ?"Le minois angélique de la courtisane s'ennuagea.
"Je le suis."Il s'éloigna d'elle, faisant les cent pas, les mains dans le dos, l'air tracassé.
"Tu vas encore m'entraîner dans une histoire pas possible, Clôtho... Sans même m'expliquer quoi que ce soit... Et le pire c'est que je vais m'y laisser entraîner avec plaisir."Elle esquissa un sourire satisfait.
"Parfait ! Je m'occupe d'obtenir l'accès aux bibliothèques privées qui m'intéressent. Mais le problème n'est pas là... Afin d'infiltrer ce fameux orphelinat, j'aimerais... J'aimerais qu'on se fasse passer pour un couple souhaitant adopter un orphelin."Rien ne pouvait le rendre plus heureux que l'idée de cette comédie incarnant cette réalité tant souhaitée. Il savait les risques qu'il prenait, lui qui n'était qu'un des conseillers de Vidar. Il savait la puissance de Varius et l'imprudence de Clôtho... Et il rayonnait pourtant de bonheur.
"Je suppose que tu as déjà tout prévu. Je te suis, Clôtho. Je te suivrais jusqu'en Elysea s'il le fallait."Un rictus vainqueur orna les lèvres nacrées de la daeva. La guerre pouvait débuter...